La Gazette de Barcelonnette 2005 (par Thierry FOSSEPREZ)

LA GAZETTE DE BARCELONNETTE
Thierry Fosséprez

Vendredi 15 juillet 2005

Elles commencent bien nos vacances, à Anne-Marie et moi ! Au rendez-vous fixé à Martelange, chez Gérald à « La Petite Q8 », je constate \ »qu’on\ » a oublié le sac de chaussures à Marvie (Mais je suis presque sûr que ce n’est pas moi !)… On embarque dare-dare Clémentine qui nous accompagne jusqu’à Barcelonnette et on file sur Marvie à toute allure… Pas un mot dans la voiture, mais je sens que ce sera de ma faute… Le sac récupéré, on reprend la route et on retrouve la caravane Vélo-Passion sur l’autoroute, peu après le péage de Gye. Par le plus grand des hasards, Cyrille et Bernadette, qui avaient envisagé de partir de leur côté, se retrouvent tout à coup avec nous et décident de faire la route en notre compagnie. Voyage sans incidents, parfait, ou presque… Entre Grenoble et Gap, le trafic est passable, mais par contre entre Gap et Barcelonnette, c\’est un festival de camions, de caravanes et de tracteurs, qui fait chuter notre moyenne à 28 Km/h entre ces deux villes. Arrivée à l\’hôtel en début de soirée : chambre nickel, accueil chaleureux, calme incroyable à deux pas du centre ville, bref rien à redire…

JOUR 1 – Samedi 16 juillet 2005

René opte pour une mise en jambes relax et prévoit une montée facile vers Maljasset, petit village perdu dans les montagnes… 36 km aller et 36 km retour, histoire de prendre contact avec la haute montagne. 07h00 : avec sa discrétion habituelle, Jean-Claude réveille les cyclos (et les épouses…) et accessoirement tout l\’hôtel. 07h30 : Solide déjeuner de montagnard… Le café a l\’aspect et la consistance du carbonyle et a beaucoup de mal à passer… Photo souvenir sur le parking et c\’est parti, direction Jausiers… Virage à gauche et ça monte tout en douceur. Après une quinzaine de km, traversée d\’un tunnel en travaux, où la visibilité est nulle malgré les phares d\’une voiture qui nous suit. Nous quittons la route du col de Vars, dite \ »Route des grandes Alpes\ », pour traverser Saint-Paul-sur-Ubaye, un beau petit village dressé sur son promontoire… La route commence à grimper sérieusement… Des alpinistes sont collés sur une vertigineuse paroi rocheuse… Impressionnant ! Un peu plus haut, halte près de l’audacieux pont du Châtelet, construit d\’une seule arche en 1882 sur un à- pic de 110 mètres au dessus de la rivière. Gérald, fou amoureux de la montagne, mais aussi victime du vertige, n\’apprécie que très modérément le spectacle, accroupi derrière le parapet et marchant presque à quatre pattes…. Nous reprenons notre ascension et, à La Blachière, une fontaine accueillante nous procure une eau à 5°, fraîche, délicieuse, très appréciée sous ce soleil de plomb. La route se dégrade progressivement et se termine tout à coup en cul de sac. Là, des dizaines de randonneurs s\’élancent, entre les moutons, vers les sommets… l\’Italie est à un jet de pierre. Nous redescendons par le même chemin, nous admirons encore une fois les forteresses de Tournoux creusées dans la roche. Retour à l\’hôtel : douche, apéro, que ça sent les vacances. Au souper (plutôt au dîner, … nous sommes en France tout de même !!!), on parle du col de Pontis, entre autres au programme de demain… Corine (l\’aimable serveuse, qui entre nous, est tombée dans l\’œil de Gérald) nous dit \ »Ainsi, demain, vous faites le tour du lac de Serre-Ponçon … par Pontis ?\ », René répond par l’affirmative… Corine lève les yeux au ciel… Gérald en remet une couche… Apparemment, on va souffrir demain… Cyrille contemple une belle moto stationnée sur le parking en rêvant enfourcher ce véhicule pour monter le Pontis…

JOUR 2 – Dimanche 17 juillet 2005

Le col de Pontis est, comme dit René, parfaitement inutile… D\’ailleurs, une route moderne, presque plate permet de l’éviter, mais cette ascension est une épreuve incontournable pour tout cyclo et les vues au sommet sur le lac artificiel de Serre-Ponçon valent vraiment la peine. Les commentaires vont bon train, à l’approche du col : « C\’est dix fois la Knüpp, mais en plus dur ! » On quitte tout à coup la route bordant le lac et hop tout à gauche, c’est plus sûr… René nous explique que c\’est un plaisir de faire ce petit crochet bien sympathique ! (Ce type est fou furieux). La pente y est fort raide, environ 10%, avec quelques raidillons à 14 – 15%… On passe de 800 à 1200 m en 4,5 Km, mais je grimpe bien, à mon rythme, comme d’habitude. Cela ne serait pas trop grave si la température n\’oscillait pas entre 36 et 41° à l\’ombre, mais détail important : il n\’y a pas d\’ombre ! Par contre des taons, ce n\’est pas ce qui manque, et qui dit taons, dit Gérald… Pas de doute, il est dans les parages. Arrivé au sommet, c\’est pour entendre ce dernier dire le mot pour rire du jour : \ » C\’est moins dur qu\’on ne le dit\ ». Il est incroyable ce mec… Descente de fou vers Savinne-le-Lac, sur l’autre versant, où on se trouve au niveau du lac… Ravito en eau à Chorges, on remonte le col Lebrault, 1110 m, nouvelle descente et passage à côté de l\’impressionnant barrage en terre (Le plus grand d\’Europe, la rampe de 700 m retient 1.300.000.000 m³ d\’eau !) Il est midi, arrivée à Espinasses… Tiens, ça rime avec conasse, avec pétasse aussi… Et ça tombe bien, vu le caractère très spécial de la tenancière du resto, mais comme il n\’y en pas d\’autre, on s\’écrase ! Le garçon, par contre, est sympa et partage notre avis en ce qui concerne sa patronne, mais à voix basse…. Il nous explique un peu le profil du reste de la randonnée : « 15 km de montée vers le col Saint-Jean, après il n’y a plus de difficultés, sauf un petit \ »coup de cul\ » après le Lauzet-Ubaye… » On la replacera celle-là ! Ensuite vient donc la dernière grosse difficulté de la journée, la montée vers le pied du col Saint-Jean, 15 bornes… Et le thermomètre indique désormais 41.7° ! Un bidon avalé, et l\’autre directement sur la tête. Récupération au sommet, et retour vers Barcelonnette avec le vent dans le dos… Pour une fois les calculs de René sur la direction du vent sont exacts. L\’hôtelière Corine nous accueille avec des 1667 de 0.75 l, affonnées illico presto. Le soir, au repas, Jean-Claude opte pour une recette mexicaine, avec une sauce \ »relevée\ », un mélange de vitriol et start-pilot, le tout avec des fayots. Demain, c’est sûr, pas question de rouler derrière lui…

JOUR 3 – Lundi 18 juillet 2005

Ce matin, changement de décor, la météo est incertaine, quelques gouttes tombent sur la terrasse… Des 41° d\’hier, il n’en reste que 22 tout au plus. En ce qui me concerne, le mélange carbonyle local et coupe de fruits provoque un brûlant de tous les diables… J\’ai l\’estomac aux bords des lèvres au pied du col qui n\’est qu\’à 3 km de l’hôtel… Je décide de rester avec Cyrille. Gérald est parti en trombe, comme d’habitude, mais encore une fois il se fait niqué par André au sommet…Arrivent ensuite René et Jean-Claude… Celui-ci a bouffé du lion, c ‘est sûr, à moins que ce soit la sauce d\’hier qui lui donne un pareil jus. Le col d\’Allos est magnifique, la route est taillée dans la roche, avec de petits ponts pour traverser les torrents. Comme de coutume dans la région, des bornes nous indiquent le reste du parcours ainsi que le dénivelé du prochain km. Le litre d\’eau déjà avalé ne parvient toujours pas à éteindre l\’incendie de mon estomac… Nous traversons les Agneliers, où les remonte-pentes attendent l\’hiver et les skieurs. Le ciel s\’assombrit tout à coup et des rafales de vent annoncent un orage imminent. De fait, à 2,5 km du sommet, c\’est la drache ! On enfile les K-way mais on décide tout de même d\’achever coûte que coûte. Les cadors redescendent déjà, Gérald fait peur : il a les yeux exorbités, rivés sur la route, et il nous remarque à peine (Mais ça c’est assez habituel). Demi-tour vite fait au sommet, et c\’est la descente toute en finesse, la route est détrempée et très glissante, mais c\’est un bel exercice pour un cyclo. Retour à l\’hôtel : Malox, douche, Malox, dîner ultra light et sieste réparatrice en prévision des 3 cols de demain. Au dîner, l\’orage est juste en dessus de la ville et il tombe toujours des cordes d\’eau.

JOUR 4 – Mardi 19 juillet 2005

La journée commence bien : d\’abord, il y a ces rumeurs d\’idylle entre Gérald et Corine (c\’est la charmante dame qui prépare les déjeuners). Il nie, mais force est de constater que seul, Gérald a reçu du Genépi dans sa gourde avant de partir. Ensuite après 330 m, en plein centre-ville, Jean-Claude crève… Il tient son vélo pendant que nous le réparons, ceci sous les fenêtres d\’un autochtone encore au lit et qui se met à vociférer tant et plus ! On décampe histoire de ne pas recevoir le pot de chambre sur la tête. Guy et moi sommes obligés de rentrer à l\’hôtel pour nous laver les mains, le vélo du colibri n\’étant qu\’une tache d\’huile. Jean-Claude n\’a pas ces problèmes, forcément, il n’y a pas mis la main ! Le programme initial avait prévu le circuit des 3 cols, mais l\’orage de cette nuit a eu raison du col de la Cayolle qui est fermé pour cause d\’éboulements… Changement de programme, ce sera donc le col de Vars. Après La Condamine, des ouvriers dégagent à la pelleteuse la terre qui a envahi la route. La température est fraîche mais le soleil est enfin de retour… Françoise prétend qu\’il y a 300 jours de soleil à Barcelonnette, on verra bien ! Le Vars, en partant de Barcelonnette à 1130 m d\’altitude, fait environ 1000m de dénivelé. Après 14 Km de mise en jambe jusqu\’à La Condamine-Chatelard, la pente s\’accentue. On profite des derniers instants de répit pour admirer les gorges de l\’Ubaye. A partir de Saint-Paul-sur-Ubaye, on attaque la partie difficile sur 8 Km avec un km à 11% après le hameau de Melezen. Gérald arrive le premier, les bras levés vers le ciel… (Et il prétend toujours ne pas faire la course !) André le suit de peu, arrivent ensuite René et moi–même puis Jean-Claude, Guy et Cyrille…. Vient ensuite encore un incident : Gérald, en réglant un problème de selle, heurte malencontreusement le vélo d\’un jeune breton, qui glisse doucement le long du piquet contre lequel il était appuyé… Incroyable mais vrai, le cadre est fendu ! Palabres et discussions, assurances etc… Gérald se serait volontiers passé de ce petit contretemps…. Par contre André, insatiable, décide de redescendre sur l’autre versant jusqu\’à Guillestre, d\’y manger et de remonter le Vars dans l\’autre sens ! Chapeau ! L\’après midi, Gérald s\’embarque seul dans la Bonnette, après une entrecôte-frites arrosée de pinard ! Re-chapeau ! Mais avant, et comme il sait parler aux dames, il va demander à Corine si le col est déjà ouvert ! (Bientôt, ils vont choisir les prénoms des enfants… si c’est un garçon, Gérald hésite déjà entre Shimano et Campagnolo). Quant au reste de la troupe, c\’est en compagnie des épouses que nous décidons de visiter le lac d\’Allos. Le coin est magnifique, c\’est le plus grand lac naturel d’Europe à cette altitude. Il s’étend sur environ 50 hectares et une profondeur maximale de 49 mètres, ce qui confère à ce plan d’eau des couleurs sombres et des eaux très froides. Il est alimenté par la fonte des neiges et de nombreuses sources. Les mélèzes et les sommets tels que la montagne de l’Avalanche 2732 m, la Tête du Lac 2678 m d’un côté et le Mont Pelat 3051 m de l’autre, qui l’encerclent donnent à ce lac un environnement particulier. Le hic, sont les voies d\’accès : cols, chemins de chèvres, tournants, et j’en passe… Si bien que Danielle et Anne–Marie ne garderont pas un souvenir impérissable de cette ballade. On revient par le col d\’Allos, versant sud… Guy, Jean-Claude, Cyrille et moi ne rions plus du tout… Ce ne sera pas facile cette ascension après 90 km le jour des 3 cols…

JOUR 5 – Mercredi 20 juillet 2005

La Cayolle étant toujours fermée, c’est donc la Bonnette au programme de ce mercredi. Tous connaissent déjà sauf Cyrille et Jean-Claude… Ce sont 24 km de toute beauté. Au départ de Jausiers, la monte se scinde en deux : une première partie relativement facile mais sauvage, ensuite une seconde partie avec de nombreuses cascades, un petit lac où les sifflements des marmottes agrémentent l\’ascension. Gérald, dit le \ »Jardinier de la Bonnette\ », part en compagnie des costauds que sont André et René. Guy, Jean-Claude et moi formons désormais le groupetto de service. Cyrille, fidèle à sa tactique, monte à sa main. Après quelques ravitos en eau puisée directement dans les torrents, nous arrivons à Restefond. Guy qui souffre des genoux, n\’est pas bien et pour cause : arrivé au sommet, il constatera qu\’il lui restait une dent de réserve ! Après la caserne, arrive le cirque de la Bonnette, noir et sinistre à faire peur, mais il permet de remettre du braquet avant de gravir les horribles 800 derniers mètres… Pied à terre quelques instants, en ce qui me concerne, tellement c\’est dur. Jean-Claude, qui a eu l\’outrecuidance de dire à René, lors d\’une certaine réunion de préparation à Vaux, qu\’il l’écrasera dans la dernière rampe, se fait chambrer par le Président qui ne cessera de lui rappeler, toute au long de la journée, ses 33 minutes de retard !!! André a encore niqué Gérald, mais ils décident tous deux de descendre vers la vallée de la Tinée et de refaire la Bonnette versant sud ! Gérald se fait à nouveau piqué par un taon, ce qui rassure André : en effet, tant que Gérald est dans les parages, ils tournent tous autour de lui, comme quoi le malheur des uns …. Nous redescendons prudemment d\’abord, arrêt coca à « L’Altitude 2000 », et nous plongeons sur Jausiers, René et moi à tombeau ouvert comme souvent… Mais à la sortie de Lans, à 60 km/h, je crève de la roue avant ! Perte totale de contrôle, heureusement la route est large à cet endroit et je ne tombe pas, ça tient du prodige. Si cet incident se produit 2 km plus haut, je suis fossilisé à jamais dans le rocher. Réparation et retour cool à Barcelo. Demain, farniente au lac de Serre-Ponçon pour certains et col de la Lombarde pour d\’autres.

JOUR 6 – Jeudi 21 juillet 2005

Port Saint-Pierre est une petite plage aménagée au bord du lac de Serre-Ponçon. Jean-Claude, Cyrille et moi, en compagnie de nos épouses, passons une journée bien agréable au soleil. Claudine reste à l\’hôtel à attendre André qui accompagne le reste des cyclos qui ont préféré s\’attaquer au col de la Lombarde. A midi, nous mangeons une espèce de fourrage appelée ici « Salade Provençale » arrosé d\’un petit vin de cubi n\’ayant pas supporté les bouchons du voyage au vu de l\’odeur ! Nous quittons ce paradis vers 16h00, et de retour à l\’hôtel, nous apercevons Claudine, comme Pénélope, toujours là à attendre… Les gaillards ne sont pas encore rentrés ! Comme la montée vers Pra-loup est au programme aujourd’hui, je décide de faire, seul, cette ascension vers la célèbre station de ski. C\’est juste 21 km aller-retour, avec une partie à 10%, histoire de tourner les jambes et garder le contact.

JOUR 7 – Vendredi 22 juillet 2005

Au programme de cette dernière journée: Le Circuit des Trois Cols, autrement dit, La Cayolle, les Champs et Allos, soit 125 Km dont 75 Km de montée et un dénivelé cumulé qui devrait friser les 3175 mètres! Il est 07h00, j\’ai mal aux jambes et pourtant je suis encore au lit… Ca promet. Petit déjeuner et la petite troupe se retrouve sur le parking de l\’hôtel, prêt à en découdre avec ces 3 cols. Première mésaventure de la journée, René ne trouve plus ses chaussures de cyclos, rien de moins ! Fouille de la chambre, de la voiture, suspicion d\’une blague de mauvais goût, que du reste personne n\’aurait envisagée. Explication : la veille après la descente du col de la Lombarde, René a enlevé ses chaussures à l’arrière de la voiture comme d’habitude ; mais il l’a reculée d’un bon mètre car un arbre gênait pour remettre les vélos sur le toit et les pompes sont restées sous le véhicule ! Que faire ? En acheter des neuves pardi… René revient avec de magnifiques « Looks », et de surcroît, assorties à la belle tenue reçue la veille. Résultat des courses, nous quittons Barcelonnette vers 9h30. Direction le col de la Cayolle… Ce n\’est pas mon jour, ça se sent tout de suite, j\’ai les jambes comme des planches… C\’est décidé, promis, juré, je fais uniquement la Cayolle et je redescends. Pourtant la montée n\’est pas si difficile, en deux parties : dans la première, les agents de DDE sont toujours occupés à réparer les dégâts des orages et à voir les moyens mis en œuvre, ça a craqué grave. Les cinq derniers Kms sont plus pentus mais c\’est quand même rétamé que j\’arrive au sommet… Je préviens les copains qu\’il est, en ce qui me concerne, hors de question de poursuivre la route ! Guy, Cyrille et Jean-Claude partagent mon avis, mais, sous la pression de René, c\’est ce dernier qui le premier change d\’idée : \ »j\’essaye\ » et quand Guy aussi retourne son vélo vers le sud, je comprends tout de suite que ça va être ma fête aujourd\’hui. Descente groupée, pause Coca à Saint-Martin-d’Entraumes, au pied du col des Champs, et servi par… la Belle des Champs (la serveuse est pile poil comme dans la pub). La montée du col des Champs est très belle et joint la vallée du Haut Var à celle du Verdon… Le dépaysement est total, l\’escalade se passe dans la forêt pour se terminer dans les alpages, avec, un replat d\’un bon Km pour reprendre son souffle… Mais arrivé près de la dernière bergerie, fini de rire, c\’est du costaud, du très costaud ! Au sommet, René dort dans l\’herbe, et André, arrivé premier comme d\’habitude, part à la rencontre des retardataires. Jean-Claude est bien, Gérald est tout blanc, on sent qu’il nous fait un léger malaise… Guy, victime d\’une espèce de turista, a tout juste le temps de traverser un petit restaurant avant la catastrophe… Cyrille a trouvé sa formule et moi je gère…et digère… Deux sympathiques dames de Douai prennent la traditionnelle photo souvenir au sommet puis nous plongeons vers Colmars. A Ratery, je stoppe devant une auberge perdue au milieu des bois, où nous décidons de casser la graine… Il est déjà 15h00 et René a l\’estomac dans les talons de ses magnifiques chaussures. Au menu, assiette de charcuterie et (une) bière, pas très malin ! Gérald vire maintenant au gris alors qu’il reste encore 50 bornes ! Descente périlleuse vers Colmars, la route est infecte, pleine de trous… 24 Km nous séparent du Foux d\’Allos, au pied du col d’Allos… On remonte le cours du Verdon… C\’est un faux-plat montant mais avec un vent terrible de face… Je n\’en crois pas mes yeux, mon compteur indique 12 Km/h ! André et René sont loin devant. Avec Jean-Claude, on tente de s\’organiser pour résister au vent, mais en vain. Cyrille et Guy font de même et Gérald, qui a désormais viré au vert-pomme, ferme la marche. Le Col d\’Allos, on avait fait sa connaissance en revenant du Lac d\’Allos… En voiture, quand on lève la tête, on voit les lacets et les ponts, il n\’y a pas d\’ombre et la pente est de 6-7 % sur 6 km… A 2 km du sommet, René est arrêté la tête sur la potence !? Jean-Claude, chambré comme pas deux depuis deux jours, sent sa revanche \ »Là, derrière le panneau, René est arrêté\ ». Mais celui-ci l\’entend, tourne la tête vers nous, remonte sur sa machine et grimpe comme un beau diable… Il avouera plus tard : \ »Plutôt mourir que d\’arriver après le Colibri Leyder\ »… Mais il avouera aussi avoir réexpédier l\’assiette de charcuterie dans la descente du col, sans s’arrêter, à 60 Km/h ! Vous imaginez la voiture qui aurait dépassé à ce moment-là… Il aurait ainsi vu repasser l\’excellent jambon de pays, le délicieux saucisson de montagne, etc… Quand on vous dit de manger de jolies choses ! Classement de l\’étape : 1er – André, qui nous attend depuis belle lurette, il a même enlevé ses chaussures ! 2ème – René, qui a tout donné pour ne pas être rejoint par le Colibri Loco, et ce malgré son estomac vide… 3ème – Votre serviteur qui suis René de quelques secondes… 4ème – Jean-Claude et 5ème – Gérald qui, miracle, nous revient à la vie… Cyrille est désormais souriant et enfin Guy termine, les tripes nouées, sans jeu de mots. Après un coca réparateur au refuge du col, je décide de rejoindre l\’hôtel au plus vite, pour rassurer nos épouses, car il est quasi 18 h00… La descente du col d\’Allos est un vrai régal : tout y passe, slalom entre les voitures, freinage in extremis… Ma crevaison de la Bonnette est provisoirement oubliée, un de ces jours … Fini le vélo, demain on rentre. Le soir, dîner au « Coco Loco », un petit restaurant mexicain sur la place… Vu la quantité phénoménale de vin ingurgitée dimanche dernier par le groupe, c\’est désormais en amis que le garçon, véritable sosie de Benoit Poelvoord, nous accueille. Le gars est hyper sympa (oui, oui même en France), nous reconnais évidemment et va même jusqu\’à offrir la bouteille du Patron, c\’est dire ! Gérald est déchaîné… A l\’agonie cet après-midi, il est désormais resplendissant. Néanmoins, il noie dans les produits locaux (liquides) sa cinquième place à l\’arrivée de la \ »Grande Etape Alpestre\ ». Il parle de dérailleurs, de pignons, de selles, de jantes, de taons pendant deux heures, puis tout à coup il se lève, va rejoindre les femmes à l\’autre bout de la table en disant, \ » Je change de compagnie… En face, ils n\’arrêtent pas de parler de vélo\ » Il demande une cigarette à Danielle, l\’allume et se met à draguer nos épouses ! Unique ! Il en gardera quelque chose, c\’est garanti.

Conclusions :

Voilà une semaine passée à la vitesse du son… Barcelonnette, c\’est un paradis pour les randonneurs et nos randonneuses mais c\’est aussi La Mecque pour les cyclos… Il y en partout, et ici tout est magnifique. Des paysages à couper le souffle, un climat extraordinaire, une qualité d\’environnement remarquable qui ne peut qu\’engendrer le respect (Ici, personne n\’a envie de balancer ses détritus le long des routes) et chose rarissime; cette région, il est vrai, très difficile d\’accès, n\’est pas encore envahie par les hordes de touristes sauvages… Ici on vient en amoureux de la montagne, pourvu que ça dure, et longtemps !
Je rentre avec des images et des souvenirs plein la tête, mais aussi avec l\’agréable sentiment d\’avoir passé une semaine extraordinaire, certes pour les exploits sportifs (C\’est vrai que gravir ces cols mythiques, ce n\’est pas à la portée du commun des mortels) mais aussi et surtout d\’avoir passé cette semaine en compagnie de personnes charmantes et de qualité, que j\’ai eu plaisir à découvrir et à redécouvrir.
Merci à René qui, comme l\’an passé, et fidèle à son habitude, a concocté un programme complet, varié et apprécié de tous… Chapeau à André, sur qui les années n\’ont pas d\’emprises ; qu\’elle santé ! Pareil pour Jean-Claude : coup d\’essai, coup de maître… Idem pour Cyrille qui découvrait la haute montagne. Respect à Guy, pur courage ! Mille excuses à Gérald pour ce qui précède, mais qui est entièrement … vrai.
Remerciements sincères, à nos épouses, qui font toujours preuve d\’une belle patience avec nous, même en vacances et sans la Grande Bleue.

Il y a un an, je concluais la Gazette de Briançon en écrivant \ » Vivement l\’année prochaine \ » Je ne change pas la formule.

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