Michel GASCARD – L.E.L. 2017 – Cyclotourisme & Bénévolat – LONDRES – EDIMBOURG – LONDRES (L.E.L.), Brevet de Randonneurs Mondiaux (B.R.M.) de 1440 km, dénivelé 11.100 m.
Edition tous les 4 ans, et alternance de 2 ans avec PARIS – BREST – PARIS (PBP).
Ayant décidé de participer depuis de nombreux mois au BRM LEL 2017, il fallait décrocher un droit de participation, sachant que les inscriptions sont limitées à 1500, avec priorité aux membres Audax UK, puis aux anciens participants. Seulement quelques centaines de places mises à disposition des « rookies ». Merci la chance, je parviens à décrocher une inscription.
Après, c’est une organisation très professionnelle qui me guide dans les démarches (possibilité de laisser 2 sacs sur le circuit à des endroits choisis par les cyclos, heure de départ, …)
Comme toutes les grosses organisations, des centaines de bénévoles sont nécessaires pour accueillir les 1500 cyclos aux différents points de contrôle. A chacun des points, possibilité de douches, lits, repas chauds, assistance mécanique, accès aux sacs individuels placés sur le parcours, … 24H/24. Mon épouse trouve qu’elle peut aider et s’engage comme « Volunteer LEL 2017 », en spécifiant qu’elle ne parle que français et ne souhaite pas rouler en voiture au pays des gauchers. Pour postuler comme bénévole, la procédure est beaucoup plus facile, c’est une réponse immédiate « ENROLLED ».
Passent quelques mois pour préparer cette épreuve. Pas de brevets préliminaires comme pour le PBP, mais on ne part pas sur ce type de brevet sans une préparation adéquate. Perso, je vais rouler quelques BRM 200, 300 et un 400, pour accumuler 10000 kms de préparation.
Le 28/07, c’est le grand départ. Prov/Lux, Calais, Douvres, Londres. Nous logeons dans un camping proche du départ. Un champ complet a été réservé aux cyclos LEL 2017. Nous sommes 250 cyclo-campeurs. L’ambiance LEL 24H avant le début, c’est déjà envoutant. On planifie même un petit Warm Up pour le 29 après-midi, 2×25 km pour découvrir le début du BRM et initiation conduite à gauche.
Le 29, réception des dossards, dépôt des 2 sacs personnels, réception des maillots, gilets, … proposés à l’achat quelques mois plus tôt. Mon épouse en profite pour se présenter au bureau des bénévoles. On manquera d’aide en Ecosse, vu les prévisions météo annoncées lors du passage des cyclos. Changement d’affectation, ce ne sera pas Londres, mais Moffat, Brampton, … déplacements par métro et train couverts par l’organisateur.
Le 30/07 9H00, enfin le moment tant attendu. On démarre par groupes de 50 toutes les 15 minutes. Mon maillot de l’équipe nationale belge ne passe pas inaperçu, un journaliste bruxellois (Kriss) échange quelques mots avec moi. Il part ½ heure plus tard et on se reverra plusieurs fois dans les prochaines heures. Premiers coups de pédales, petit signe à mon épouse qui est aussi sur le départ vers Moffat deux heures plus tard. Il fait sec, vent favorable, les kms défilent. On m’avait donc menti sur les conditions météo capricieuses. Des petits groupes se forment, on dépasse et se fait dépasser par d’autres, mais on arrive vite à St Ives (100), Spalding (161), Louth (244) à 20H20. Arrêt une heure pour le repas du soir. 2 américaines parties à 9H15 le matin cherchent un accompagnateur pour faire une étape supplémentaire de nuit. Tout s’était tellement bien passé, pourquoi ne pas continuer ? Okay let\’s go, surtout qu’il y a le Humber bridge qui arrive (2,2 km) qu’il vaut mieux traverser de nuit pour éviter le vent. On repart donc rapidement, arrivée Pocklington (341) le 31/07 à 02H24. Déjà 10H d’avance sur le minimum nécessaire. Ça sent la promenade, demain je vais prendre le temps de faire des photos et pourquoi pas, une petite Guinness et un bon repas cuisine française. Parce qu’il faut dire que partout les cantines proposent de la nourriture autochtone et le goût du porridge … fort peu pour moi. Je n’ai pas encore su manger un repas chaud, que des fruits. Attention, c’est personnel, 95% des cyclos trouvent tout excellent et mangent comme des ogres.
Côté bénévole, mon épouse me signale qu’elle doit quitter Moffat pour le contrôle précédent de Brampton, tellement le vent fatigue les cyclos et il faut des renforts sur ce poste. J’y prête à peine attention, on aura dépassé ces points demain et tout va bien.
Le 31/07 à 05H00, départ vers Thirsk, Barnard Castle (474) et … Howardian Hills, premiers gros dénivelés, puis North Pennines Hills pour durcir le parcours … et le vent de face fort, usant, démoralisant. Une étape très difficile. 35 km avant Brampton, il existe un dortoir de 350 lits pour les cyclos en perdition. Je suis le premier à y arrêter à 19H00 … Beaucoup trop tôt, mais impossible de continuer, plus de force. J’ai un dortoir vide pour moi, les bénévoles présents ne s’attendaient pas à une visite si précoce. Et dire que mon épouse est à 35 kms … Mais la force n’y est plus. Le 01/08 01H40, départ Alston vers Brampton (560). J’y retrouve ma bénévole préférée qui a compris qu’il y avait eu un fameux coup de mou dans ma progression. Je n’ai plus que 3H d’avance avant le hors délai et la boucle écossaise se profile avec des routes très difficiles (étroites, abîmées, des revêtements pas toujours présents, …) Et toujours pas le temps de trouver quelque chose qui me ferait plaisir à manger, d’ailleurs l’appétit a disparu. La boucle écossaise de 300 kms se fait sans problème technique (heureusement car rouler ces routes de nuit est très risqué). (Moffat, Edimbourg). Pas le temps de fêter la mi-parcours. Direction sud vers Innerleithen, Eskdalemuir. Gros dénivelés avec vent de face. Le 02/08 à 01H00, arrivée Eskdalemuir. Les petites routes sont très difficiles de nuit, mais le vent est tombé. Je prends 1H pour dormir assis à une table, puis départ vers Brampton. Un lièvre court devant ma lampe plusieurs dizaines de mètres. Je l’imagine mijoté au vin… Toujours pas grand-chose dans l’estomac. La boucle écossaise se termine et j’aurai vu beaucoup plus de moutons en liberté que d’écossais (Même si nous avons été chaleureusement accueillis aux contrôles par des autochtones en kilt). Me revoilà à Brampton (865) le 02/08 à 04H00.
Départ de Brampton sous les encouragements de l’équipe de bénévoles vers Barnard Castle, … , Louth (1177) le 03/08 à 07h40. Je suis certain que c’est « in the pocket », les 250 premiers kms avaient été si faciles. Je prends le temps de prendre une douche, puis départ vers Spalding. Des casses pattes avec un vent contraire infernal … La moyenne devient très faible, les forces manquent. Un groupe d’américains me propose de tourner avec eux. Ça ne fonctionne pas trop mal mais ils sont partis plus tard et ont le temps de faire un arrêt pour manger puis on repart et un des gars chute à cause du vent. Je n’y arriverai pas avec ce groupe. Je demande à un costaud de m’aider, il reste 20 km avant Spalding. Sauvé, arrivé dans les temps. Reste 3 étapes, pas le temps de souffler. Arrivée à St Yves à 19H50. Les 120 derniers km se feront donc de nuit, dans des routes de nouveau très limites. Mon expérience avec les américains m’a initié à la méthode GI avec un vocabulaire (Car back, Car), (et la taille des trous dans la chaussée Dog, Mouse, ….) que je m’amuse à crier … seul. L’avant dernière étape avait 2 alternatives. Je choisi la longue pour éviter Cambridge mais je dois être un des seuls, pas un feu de vélo pendant 50 des 75 km. C’est bien joli la campagne mais de nuit, on ne voit rien. Arrivé à Great Easton, je dois attendre 30 minutes pour recharger mon GPS. Départ pour Londres (Lougthon) et arrivée avec 1H10 d’avance sur le temps max.
Sur la ligne d’arrivée, le 04/08 à 4H55, ma bénévole préférée m’accueille dans la langue de Shakespeare (l’intégration des bénévoles étrangers est donc réussie) . C’est fini. Ce fut très dur, mais sans manger correctement c’est mission compliquée.
Pourtant quelle magnifique expérience, combien de gens charmants rencontrés, … Il va falloir une grande armoire à souvenirs pour se rappeler de tout.
Et, dixit mon épouse, vivement dans 4 ans, vu qu’on est prioritaire pour la prochaine édition.
BREXIT ou pas, on sera partant. Je devrai juste ajouter une préparation porridge à mon programme d’entrainement.