Voyage cycles en Alsace du 08/05 au 12/05/2024


Eté 2023 – Vaux-sur-Sûre. Mais « Qui a eu cette idée folle un jour » de proposer l’organisation d’un voyage en Alsace? Poussé par quelques zélés de la pédale en quête de nouvelles aventures vélocipédiques, gastronomiques, culturelles et autres, tout en évitant de trop insister sur la première syllabe de « culturel », Jacques et moi-même avons pris l’initiative folle de prendre le guidon par les deux cocottes, et, avec l’accord du Président de Vélo Passion, Martial Poos, d’inviter pédaleuses et pédaleurs à partager les mêmes passions, de trouver un hébergement, de préparer les parcours… Sur ce dernier point, la connaissance de Jacques de toutes ces routes, cols, restaurants alsaciens… est inversement proportionnelle à la quantité de cheveux qui lui restent sur le caillou. « Je n’avais plus qu’à » transformer ses parcours manuscrits, style « Wintzenheim – Voie Verte – D 43 vers Soultzbach-les-Bains – Gauche D 40 Col Firstplan – 3km ½ km carrefour gauche – 4 km droite Osenbuhr – … » en parcours GPX, en essayant de retrouver ses parcours sur le site d’Openrunner.

Le choix de l’Auberge Obersolberg, au sommet de l’Olympe par rapport à Munster, après une pente de 7% de moyenne pendant 5 km, dont 1 km entre 12 et 14% et un virage à 17% allait probablement provoquer des remarques acerbes, du style « Tu ne crois quand même pas que je vais remonter ce truc-là tous les jours! ». Pour éviter de terminer les parcours tels un fromage coulant, en décomposition et puant de Munster, nous avons laissé la possibilité de présenter un départ réel à partir d’un parking à Munster, tout en laissant aux fous du guidon la liberté de terminer leur chemin de croix par cette dernière ascension.

Mercredi

Mercredi 08/02/24, une femme, Valérie, dont le prénom incite à l’optimisme sur ses capacités (valere en latin signifie « être en bonne santé ») et douze hommes font connaissance : têtes sympathiques, silhouettes très différentes, des jeunes et des moins jeunes, dont certains sont assistés (sur batterie), et des jambes dont le potentiel restait une inconnue

Première surprise : Jacques, qui avait réservé en dernier lieu, devait partage sa chambre double, ce qui était convenu, mais dans un lit double! Le choix fut porté sur Patrick Génicotlogue qui a accepté l’invitation mais en se disant qu’il allait dormir sur le dos, évitant ainsi toute tentative intempestive mais potentielle de rapprochement de la part de Jacques. Et, apparemment, ce qui s’est passé dans la chambre, n’a jamais été ébruité.
Seconde surprise, après le repas du soir, et c’est une situation que nous déplorons presqu’à tous les séjours : une quantité importante de digestifs proposés sur la carte mais il n’est jamais écrit, à côté de chaque digestif, avec un astérisque : « Quantité limitée et impossibilité de boire plus de deux verres du même breuvage ». Et, après deux verres de génépi chacun, la seule bouteille, vidée, avait perdu toute sa couleur verdâtre. Heureusement, Myriam nous fait une promesse : « J’irai en rechercher demain ».

Les parcours proposés, tous effectués sous un soleil de plus en plus présent et sous une température de plus en plus chaude (j’avais préalablement fait un sacrifice au dieu grec du Soleil, , pour une météo favorable), furent variés, alternant plaines, côtes, cols, villages viticoles… toujours dans des superbes paysages, à couper le souffle (au sens figuré, bien sûr, mais je n’en suis pas sûr pour tous).

Le parcours passant par le dédale de rues de Colmar, au milieu de nombreux touristes, la plupart tête en l’air avec leur appareil photographique, sur des pavés ressemblant à la calotte des curés, a laissé des traces physiques, notamment chez Philippe L. dont le fessier ressemblait à un champ de coquelicots fleuris; mais utilise-t-il les piles « Duracel » pour son vélo?
Nous avons gravi de jolis cols, comme le Firstplan, Brand, Trois Epis, Calvaire long et difficile, et qui porte bien son nom puisque j’ai entendu « Non, j’arrête »!, mais, après quelques instants de récupération, Dany P. est reparti et est arrivé à la Schlucht, Schlucht, la route des Crêtes, encombrée par de trop nombreux motards, sur laquelle Eric, en attendant Jean-Pol, qui fut le seul à avoir le courage de gravir les dernières pentes pour atteindre le point culminant des Vosges à 1363 mètres, a vu son vélo s’écrouler sous la force du vent et s’est retrouvé avec une patte folle (je parle du dérailleur), impossible à redresser; auparavant, Philippe L. avait, une fois de plus, pété un rayon et la réparation fut faite par un vélociste de Munster; Valérie a vu un motard tenter de lui faire du pied : était-ce une tentative de séduction ou une volonté de la remettre sur le droit chemin; la descente vertigineuse du Platzerwasel, dans laquelle Valérie a bloqué derrière elle durant plusieurs kilomètres plusieurs automobilistes, sans doute, en admiration de son style élégant et gracieux (mais qui aura le courage de grimper ce col… un jour?), Le circuit très raide autour d’Husseren-les-Châteaux en découragea plus d’un; mais, au sommet, la vue sur la plaine d’Alsace, fut splendide.

Le parcours touristique dans les vignobles de l’Alsace et passant par plusieurs villages traditionnels de la route des vins, comme Turckheim, Katzenthal, Kayserberg, Riquewhir, Hunawhir, Ribeauvillé, Benwhir, Niedermorschwihr présenta un parcours « chameau » à plusieurs bosses; encore une fois les pavés, les maisons à colombages colorées (suivant la profession du propriétaire), débordant de géraniums, les sculptures aux fenêtres et aux portes, les anciennes enseignes commerçantes, les canaux paisibles, romantiques à souhait, les fontaines en pierre, les jardins, les porches, les portes, les oriels des demeures de vignerons… furent un émerveillement pour les yeux qui ne purent malheureusement pas se repaître suffisamment de ce spectacle… qui devrait s’admirer à pied.

Jeudi

Après le parcours initialement prévu, nous avons organisé une dégustation commentée de vins d’Alsace, chez Schoenteitz, à Whir-au-Val, au cours de laquelle nous avons dégusté la gamme quasi complète de leur cave remarquablement achalandée.

Les apéritifs, les repas d’une excellente qualité, les vins et les bières réunirent les treize convives dans une excellente ambiance, de plus en plus bruyante au fur et à mesure que les bouteilles se vidaient. Lors d’une soirée, Benoît m’a proposé dans une vidéo de poser des questions à Eric Leyder, brillant fervent d’étymologie latine et grecque mais qui, lors d’un séjour à Pont-en-Royans, a montré une certaine irritation (feinte ou sérieuse???) à l’obsédé textuel que je suis. Ainsi, je lui ai demandé « Pourquoi le mois de février est le mois qui comporte le moins de jours? », pourquoi notre calendrier s’appelle-t-il calendrier « julien » et « grégorien? », pourquoi l’année qui comporte 29 jours est-elle appelée « bissextile? », questions qui restèrent sans réponse mais certains convives exigèrent des explications et commentaires, mais, dans l’attente des réponses, Jean-Pol a fantasmé toute la nuit sur le mot « bissextile » en pensant que ce mot avait un rapport avec le sexe. Sans faire preuve d’ultracrépidarianisme, je me suis donc exécuté le lendemain, en promettant de donner des leçons de rattrapage à ceux qui n’avaient pas compris.
En bref, ce fut un séjour réussi, favorisé par une météo très favorable, au cours duquel chacun a été attentif à l’autre, dans une excellente ambiance, sans chute,
sans crevaison (mais je suis rentré crevé); 5 sorties, 321,5 km, 5029 m de dénivelé, 17h53’02 », moyenne 17,97 km/h pour moi.

Après tous ces efforts, certains peuvent se demander quel plaisir nous pouvons ressentir à escalader un col pour ensuite basculer sur l’autre versant. Je pourrai répondre : « Le même que celui que nous ressentons avec notre conjoint : quand nous montons ou quand nous grimpons sur notre conjoint (excusez le propos quelque peu raide) et que nous avons terminé l’ascension, nous en redescendons… et nous recommençons le lendemain. »
Chacun a donc pu constater que le plaisir de la montagne m’habite. Un entrainement régulier et assidu est nécessaire pour aborder tous ces monts (nous n’avons pas escaladé le mont de Vénus) et ces cols (nous n’avons pas escaladé le col de l’utérus). Parfois, nous nous sommes sentis un peu mous et nous avons dû, à quelques reprises, produire un effort violent en bandant nos muscles pour boucher le trou et sauter derrière la personne qui nous précède en essayant, le plus près possible, de lui sucer la roue.
Si nous n’avons pas gravi le mont de Vénus, nous avons néanmoins parcouru des Voies vertes parfois broussailleuses; si nous n’avons pas gravi le col de l’utérus, nous avons parfois rencontré des zones humides dans des régions boisées.

Pour escalader tous ces monts, nous avons dû bien tenir notre engin en main, adopter la position tantôt assise et avoir la selle dans le cul, c’est-à-dire avoir une sensation de concentration maximale de tous nos muscles de traction sur le guidon, tantôt « en danseuse », c’est-à-dire, debout et bien dressé, ce qui provoque une ondulation de notre postérieur, position parfois acrobatique, qui permet cependant de détendre le dos, d’étirer les muscles et de lutter contre les crampes, en n’oubliant pas de nous nourrir et de nous abreuver, tout en évitant le régime « sans sel(le) » pour éviter de se faire entuber.
Pour progresser avec plaisir, beaucoup de jus a été nécessaire : dans le jus, il y a de la force, de la tension mais aussi de l’envie de se dépasser.

Inévitablement, à un moment ou l’autre, toujours imprévu, nous avons été dans le dur : le rythme est dur, nous ne sommes pas en harmonie, synchronisés, nous n’avons plus le bon braquet, nos jambes ne font pas un mouvement de va-et-vient harmonieux mais quand nous sentons que la fin du col est proche, nous nous mettons le nez dans le guidon, nous accélérons le mouvement, nous sentons que nous pédalons dans l’huile ou dans le beurre, c’est comme vous préférez, nous sommes déchaînés sans perdre l’enchaînement et enfin, jouissance suprême, nous giclons pour franchir la ligne tracée au sommet du col.

La forme est alors au paroxysme, la jouissance est totale, la route est belle, facile, douce, il ne fait plus trop chaud, et puis, soudain, les muscles se détendent, tout s’amollit, et c’est la débandade pour entamer la descente.
Vous constaterez encore une fois que je suis un obsédé textuel; mais quiconque verrait une allusion sexuelle à mes propos serait un fieffé pervers sexuel.
Je remercie tous les participants d’avoir contribué à la réussite de ce voyage. Et je termine en émettant l’espoir qu’il pourrait y avoir une suite à ce séjour réussi, sous une forme de retrouvaille.

Une réflexion sur « Voyage cycles en Alsace du 08/05 au 12/05/2024 »

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