LA BATHIE 2009 – UNE SEMAINE EN MONTAGNE.
Vendredi 11 juillet – C’est vers 09 :30 que j’embarque Jacques à Chaumont, pour notre 9ème semaine de vacances en montagne… le voyage se passe sans encombre, hormis l’un ou l’autre ralentissement, bien compréhensibles en cette période de départs… Cyrille nous rejoint seulement demain, accompagné de Louis, un copain qui va découvrir la montagne : pourtant, il a déjà grimpé pas mal de cols, mais en voiture, sur les routes du Tour de France… Mais cette fois, ce sera sur son vélo, et on va voir ce qu’on va voir…
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Samedi 12 juillet – COL DE L’EPINE et COL DES ARAVIS
La Bâthie – Albertville – Ugine – Marlens – COL DE L’EPINE – Serraval – COL DU MARAIS – Thônes – Saint-Jean-de-Sixt – La Clusaz – COL DES ARAVIS – Flumet – Ugine – Albertville – La Bâthie
Lever vers 07 :00 pour le petit déjeuner prévu à 07 :30… J’éprouve toujours la même difficulté à avaler le moindre morceau de pain… Je ne me ferai donc jamais à la baguette – beurre – confiture en vacances…. C’est décidé, demain je passe au saucisson. Il y a eu un violent orage en fin de nuit et il pleut encore légèrement ; les nuages sont bas, c’est tristounet… Mais ce n’est pas cela qui nous arrête et on prend la route vers 08 :15, dans le crachin, mais sous une température malgré tout agréable. En approchant d’Albertville, l’orage reprend de plus belle, et c’est sous les trombes d’eau que nous traversons la ville, la rue principale débordant de partout. Evidemment, tous les feux sont rouges… Les automobilistes, bien courageux de sortir par un temps pareil, nous regardent comme des bêtes curieuses…On emprunte alors la piste cyclable vers Ugine et Faverges : quel régal de rouler sur une piste pareille, où tout est pensé pour faciliter les déplacements des cyclos et des rollers : bandes très larges, revêtement impeccable, ligne blanche centrale, panneaux indicateurs, pistes en cendrée pour les piétons sur les côtés… A Marlens, on quitte cette piste pour la première ascension de nos vacances : le col de l’Epine, emprunté par le Tour de France en 2007, mais dans l’autre sens : 8 km – 494 m de dénivellation – 6,2% de pente moyenne avec des passages à 8%… Finalement assez dur pour une première, surtout avec la pluie et le brouillard dans les derniers km… Le col du Marais, emprunté à mi-parcours ne compte plus que 3 km assez faciles et vite passés… Au bas de la descente, à l’entrée de Thônes, Jacques me crie : « On continue tout droit … » Comme je le comprends… En effet, un panneau indique vers la droite : « Col de la Croix-Fry – Col de Merdassier » ! C’est vrai que l’on a déjà grimpé des cols aux noms plus attirants que ce Merdassier… La montée au col des Aravis commence en fait à Thônes, pour traverser Saint-Jean-de-Sixt et La Clusaz… Longue, assez facile, avec des pentes parfois assez raides. Mais le soleil est là, et bien là ; il fait même assez chaud dans les premiers km de l’ascension. A la sortie de La Clusaz, Jacques ne se sent plus et prend tout de suite quelques centaines de mètres d’avance, moulinant en danseuse à qui mieux mieux… Pour moi, difficile de suivre : fatigue du voyage, mise en jambes laborieuse, pas dans le mouvement… Je décide de monter à mon train et je rejoins Jacques au sommet avec 5 min de retard. La descente est superbe, surtout après Flumet, où on se retrouve dans les gorges de l’Arly : descente très rapide, à bloc dans du 6-7% continuel… Cela va être dur demain à remonter tout cela pour aller chercher le col des Saisies… Retour à La Bâthie, la tête dans le guidon, mais je sais que Jacques apprécie.
Petite sieste réparatrice dans l’après-midi… Vers 15 :00, Françoise me réveille et m’annonce l’arrivée du deuxième convoi : Cyrille et son copain Louis, arrivés sans trop de bouchons, vont se joindre à nous dès demain… Magnifique, plus on est de fous…
110,63 km – 04 :56 :15 – 22,4 km/h – 1709 m
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Dimanche 13 juillet – COL DE LA FORCLAZ ET COL DES SAISIES
La Bâthie – Albertville – Queige – COL DE LA FORCLAZ – Ugine – Vallée de l’Arly – Flumet – COL DES SAISIES – Villard-sur-Doron – Albertville – La Bâthie
Ouf ! Hier, pendant notre sortie, Françoise m’a déniché un excellent saucisson pur porc et le petit déjeuner semble descendre un peu plus facilement… Pourvu que cela dure. Départ vers 08 :30, avec un léger retard donc… Il est vrai que les deux nouveaux doivent se préparer, ce qui prend assez bien de temps. Ou est-ce la peur de ce qui les attend ? Le plafond est très bas, nuages noirs, pluie … pour ne pas changer. A Albertville, on emprunte la route vers le Cormet de Roselend sur 8 km jusqu’à Queige et là, on tourne à gauche pour le premier col de la journée, la Forclaz (De Queige bien sûr… A ne pas confondre avec la Forclaz de Montmin, un tout autre morceau…) : 4,5 km – 220 m de dénivellation – 4,9% de pente moyenne avec des passages à 5,5%… Assez facile, et nous montons groupés à un bon rythme, toujours dans le crachin et le brouillard… Louis s’accroche jusqu’à un km du sommet et Cyrille arrive dans la foulée… La descente prudente nous amène à Ugine où on vire à droite vers Flumet pour remonter les gorges de l’Arly… Ce n’est pas un col, mais Louis qui croyait rejoindre Flumet sur du plat va vite déchanter : 510 m de dénivellation sur 10 km… Cela va faire d’autant plus mal que l’on ne s’y attendait pas… Petite halte à Flumet, le temps pour Jacques de se réapprovisionner en Mars et Bounty… Le col des Saisies est assez long et pentu : 15 km avec 800 m de dénivellation et des passages à 8%… Jacques et moi arrivons ensemble au sommet et cherchons tout de suite un endroit abrité : trempés, glacés, il ne s’agit pas de refroidir… Un petit quart d’heure d’attente et arrivent Louis et Cyrille plutôt surpris de la difficulté de cette sortie qui doit pourtant leur servir de mise en jambes…On ne traîne pas, descente difficile, la route est détrempée, les virages dangereux, le guidon de plus en plus pénible à tenir tellement je tremble… Finalement, nous arrivons sans encombre à Villard-sur-Doron dans… quelle surprise, le soleil et une certaine chaleur. Retour rapide vers La Bâthie, tout le monde retrouve des ailes dans cette chaleur et le soleil semble bien installé pour les jours à venir…
Le soir, comme toute la semaine, la patronne de l’hôtel nous concocte un repas 3 étoiles : salade composée, poulet, pâtes, fromages, fruits frais… Un régal… Le tout délicatement arrosé d’un rouge du pays. La soirée se termine vers 22 :00 autour d’un petit Génépi, somnifère inutile car les km du matin dans la pluie et le froid nous ont assommés. Heureusement, le bon temps devrait être de la partie demain… Ce serait vraiment bien car nous allons nous attaquer à un gros morceau : le col de la Madeleine.
96,60 km – 04 :48 :49 – 20,0 km/h – 1948 m
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Lundi 14 juillet – COL DE LA MADELEINE
La Bâthie – Feissons-sur-Isère – COL DE LA MADELEINE – Feissons-sur-Isère – La Bâthie
68,36 km – 03 :36 :40 – 18,9 km/h – 1642 m
Réveil à 07 :00 et ….merde !!! Il pleut comme vache qui pisse. C’est pas vrai !!! Petit déjeuner le moral dans les talons, je n’ai vraiment pas envie de bouger… Demain, s’il pleut toujours, retour Belgique… Préparation des vélos dans le garage, la porte ouverte sur cette flotte qui n’en finit pas… A 08 :00, on se met en route vers Moutiers en traversant quelques petits villages tranquilles. Personne ou presque le long de la route… Je n’ai vraiment pas le moral, cette pluie tenace ne va pas nous quitter aussi vite que les autres jours… Le col de la Madeleine est un col très difficile, avec 27 km et 1610 m de dénivelée, avec de fréquents passages à 10-11%… Jacques n’attend pas très longtemps avant de fausser compagnie au reste du groupe ; pendant 6 à 7 km, je le suis de prêt, le devinant là devant moi, dans le brouillard… Et puis plus rien : ou bien il a accéléré, ou bien le brouillard s’est épaissi. Mais vu la raideur de la pente et mon moral défaillant, je penche très vite pour la première hypothèse, et je n’ai pu suivre… Je m’accroche, et malgré quelques très timides éclaircies, j’éprouve beaucoup de difficulté à atteindre le sommet. Il a neigé la nuit sur les alentours… Il pleut toujours autant et je m’engouffre dans le magasin aux souvenirs où Jacques me taquine : « 10 min. » – « M’en fout… »… On décide d’attendre nos deux confrères mais vu les conditions, on se dit que l’on est ici pour un bon moment. Café, bière, marche dans le magasin, petits sautillements sur place, rien ne nous réchauffe… Devant le retard accumulé par nos deux compères, Jacques s’inquiète auprès du gérant du magasin souvenirs : « Vous avez des chambres pour la nuit ? ». Et c’est pratiquement une heure après que Louis et Cyrille arrivent enfin, toujours dans la pluie… On ne tarde pas à reprendre la route pour redescendre. Cela me fait peur, ça va cailler, et on ne voit pas à 20 m… Après 4 km, je m’arrête : impossible de tenir le guidon, je tremble trop, c’est dangereux, les virages très glissants, les flaques d’eau… Jacques me rejoint, petit conciliabule, et on redémarre… Puis, comme souvent en montagne, arrivés à une certaine altitude, nous sentons subitement la chaleur nous réconforter : le temps s’éclaircit, il ne pleut plus, le soleil apparaît enfin… Regroupement au pied et retour vers l’hôtel à toute allure, de quoi achever de nous sécher.
Le soir, après le repas et autour d’un Génépi de plus en plus volumineux, Cyrille, dans la conversation, nous apprend que ce matin, au milieu de l’ascension, il s’est arrêté avec la bergère du coin et ils ont discuté un bon quart d’heure !!! Et nous qui attendions au-dessus, frigorifiés, dégoulinants… Finalement, tout le monde se dit satisfait de sa journée, malgré ces conditions extrêmes, et surtout réconfortés par le patron de l’hôtel qui nous promet une fin de séjour ensoleillée… On ne demande pas mieux.
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Mardi 15 juillet – CORMET DE ROSELEND par le COL DU PRE
Au départ de Beaufort, la montée au col du Pré permet une variante de la montée au Cormet de Roselend. Pour le plaisir de cette variante beaucoup moins fréquentée, il faudra accepter quelques km de plus, une centaine de mètres supplémentaires de dénivellation, de forts pourcentages et une route de moins bonne qualité. Mais quel coup d’œil au sommet. Avec le Cormet de Roselend, voici un « presque 2000 » véritablement superbe, en particulier du côté ouest puisque les nombreux points de vue embrassent le lac de barrage.
(En voiture à Albertville) Albertville – Beaufort – COL DU PRE – COL DE MERAILLET – CORMET DE ROSELEND – Beaufort – Albertville
83,52 km – 04 :12 :57 – 19,8 km/h – 1959 m
La routine le matin : lever vers 07 :00 et petit-déjeuner dans la foulée pour démarrer vers 08 :00 pour Albertville en voiture. Car Françoise a décidé de nous accompagner et profitera de notre escapade pour visiter la ville… La sortie d’Albertville n’est pas facile car on ne bénéficie d’aucune mise en jambes : 4 km assez raides, mais réguliers, puis la route se fait plus facile jusqu’à Beaufort… Avec un peu de chance, on va croiser Christophe Moreau, rentré plus tôt que prévu du Tour de France… Mais pas de Christophe… Comme décidé hier soir, on quitte la route du Cormet de Roselend pour suivre à droite Arrèches et le col du Pré… la route directe vers le Cormet n’est pas très agréable, toute en forêt, aucun point de vue, bref assez monotone… Par contre, on se rend très vite compte que les remarques de l’encyclopédie Altignraph sont bien réelles, surtout en ce qui concerne les pourcentages : 5 km à 7% de pente moyenne, petit replat puis à nouveau 8 km à 9%, avec des passages à 11% ! Vues superbes en contrebas sur Arrèches, la vallée et les lacets déjà passés… Magnifique… Jacques, dès les premières pentes, s’envole en danseuse et, comme d’habitude, prend tout de suite plusieurs centaines de mètres d’avance. Incroyable… S’il continue comme ça jusqu’au bout, je demande une prise de sang, d’urine et tout le reste… Je termine très éprouvé, dans la chaleur étouffante, à 6 min de notre grimpeur… Mais quelle vue au sommet… On domine tout le lac de Roselend, d’un vert intense, sous un ciel on ne peut plus bleu… Devant le retard pris par nos deux camarades, je décide de continuer seul vers le sommet de Roselend pour rentrer à Albertville à l’heure prévue avec Françoise… Du col du Pré, 2 km de descente, passage sur le barrage de Roselend pour grimpette sévère jusqu’au col de Méraillet… De là, on contourne le lac par une portion de 2 km en légère descente puis vient la rampe finale : 6 km à 7% de pente moyenne, à nouveau dans un décor de rêve : les sommets enneigés, les torrents, les points de vue… Vraiment une ascension qui vaut le détour, même si… le col du Pré… Petit rafraîchissement au sommet puis descente rapide jusqu’à Albertville : après 6 km, je croise mes trois compères qui décident de terminer chacun à sa main… Le repas de midi – ou plutôt de 15 :00 – au centre d’Albertville me remet d’aplomb, et retour vers La Bâthie… Douche, sieste, arrivée du Tour de France et déjà sonne l’heure de l’apéro… Elaboration du programme du reste de la semaine… Demain, relax avec le tour – pas de France – mais du lac d’Annecy : 110 km sans grosse difficulté, et c’est tant mieux, même Jacques va apprécier…
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Mercredi 16 juillet – Tour du Lac d’Annecy
La Bâthie – Albertville – Ugine – Faverges – Talloires – Annecy – Duing – Faverges – Ugine – Albertville – La Bâthie
109,88 km – 04 :16 :37 – 25,6 km/h – 455 m
Longue distance prévue aujourd’hui, pais pas trop difficile ; par contre, un régal pour ceux qui découvrent Annecy, son lac et sa piste cyclable, qui en fait est le prolongement de la piste qui vient d’Albertville… à moins que ce ne soit le contraire. Le temps est très agréable, le soleil au rendez-vous et la température idéale… A la sortie d’Albertville, nous empruntons donc la piste qui est assez dégagée : peu de monde, tout au plus un cyclo de temps en temps… Une fois passé Faverges, elle devient subitement beaucoup plus occupée : cyclos, rollers, VTTistes, sans oublier les joggeurs et les marcheurs sur les côtés en cendrée… Tout à coup, un panneau indique « Col de la Forclaz » sur la droite : chacun fait semblant de l’ignorer, même Jacques… A l’approche de Annecy, cela devient vraiment très encombré et il faut très souvent slalomer entre les autres occupants, ce qui fait inévitablement baisser la moyenne… La traversée de Annecy, d’abord en longeant les plages dans le vieil Annecy, ensuite en traversant le port de plaisance, est vraiment de toute beauté. Même Jacques, privé de col aujourd’hui, apprécie les vues magnifiques et le décor de toute beauté… Le retour vers Faverges se fait dans une chaleur de plus en plus étouffante… Il est grand temps de penser à se rafraîchir, raison pour laquelle nous abandonnons la piste pour entrer dans Faverges : c’est jour de marché, et nouveau slalom dans les échoppes, les piétons et les filets de commissions. Petite halte au café qui nous a servi de Q.G. en 2007 : les serveuses sont toujours là, Georges également, encore appuyé au même comptoir… Une bière avalée et le gosier soulagé, on se remet en route vers Albertville pour suivre l’étape du Tour…
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Jeudi 17 juillet – COL DE LESCHAUX
Pour aller d’Annecy à Chambéry par des voies touristiques, le cycliste franchira deux cols, le Crêt de Chatillon sur la route duquel se trouve le col de Leschaux, dont les routes gravissent les pentes de la Montagne du Semnoz, et le col de Plainpalais.
(En voiture à Faverges) Faverges – Saint-Jorioz – COL DE LESCHAUX – Sévrier – Annecy – Talloires- Faverges.
73,23 km – 03 :03 :22 – 23,9 km/h – 731 m
Aujourd’hui, l’horaire est un plus serré que d’habitude : lever vers 07 :00, petit-déjeuner dans la foulée et chargement des vélos dans les deux voitures : en effet, nous partons pour Bourg-Saint-Maurice effectuer la montée du col de l’Iseran… Superbe, à ne pas manquer… Chacun s’affaire et dans la précipitation, juste au moment du départ, je remonte quatre à quatre dans la chambre chercher mes deux gourdes. Je redescends aussi vite pour retrouver sur le parking mes trois copains l’air tristounet… Cyrille : « J’ai enfermé les clés de la voiture dans le coffre !!! » – « Le double ? » – « Dans le vide-poches !!! »… Appel à un dépanneur du coin, qui ne sera d’aucune utilité car la BMW possède un double verrouillage, système d’après lui totalement inutile, mais spécialement embêtant dans le cas qui nous concerne… Après moult coups de fil, notre dépanneur nous explique qu’il faut conduire le véhicule en camion jusqu’à Chambéry, où se trouve le concessionnaire le plus proche… Louis décide d’accompagner Cyrille et le camion se met en route vers 10 :00… Nous ne reverrons nos compères que vers 16 :30 !!! Arrivée à Chambéry vers 11 :15, dépannage après la pose de midi qui dure… jusqu’à 14 :00 !!! Départ de Chambéry en … voiture vers 15 :30… Tu parles d’un couac…
Une fois Cyrille et Louis en route pour Chambéry, Jacques me propose de prendre la voiture pour rejoindre Faverges et refaire le tour du lac… Commencerait-il à prendre goût aux circuits faciles ? Premiers signes de fatigue ? Nous laissons donc Françoise à Faverges et pour changer, j’ emmène Jacques dans l’autre sens, vers Duingt… A Saint-Jorioz, nous virons à gauche pour monter le col de Leschaux, petit col conduisant au Crêt de Chatillon… Beaucoup plus dur que prévu : 500 m de dénivelée sur 8 km environ, là où je pensais ne rencontrer que du 2, voire 3%… Et c’est toujours plus dur quand ce n’est pas prévu. La chaleur est lourde, pas de vent, il fait assez orageux… Descente vers Sevrier, puis dans la traversée de Annecy, un violent orage éclate et on quitte la ville dans les trombes d’eau… Mais une pluie chaude, presque agréable… Avant Talloires, le tour du lac nous fait grimper le premier km du col de la Forclaz de Montmin. La descente est rendue très glissante avec cette pluie tenace et cette mousse blanchâtre, les virages sont pris avec une extrême prudence… Tout à coup, dans un lacet, le drame : un cylo qui descendait certainement beaucoup trop vite, a perdu le contrôle de son vélo dans un virage à 180° et s’est jeté sur un muret : minerve, corset, et je ne parle pas des cris de douleurs au moindre mouvement… Nous redoublons de prudence et rejoignons Faverges sans encombre… Après un petit repas sur le pouce, je reprends la voiture pour Albertville avec Françoise car Jacques, en manque de km, décide de rentrer en vélo… Je me dis qu’il a déjà traversé Albertville 5 ou 6 fois, qu’il y a peu de risque qu’il se perde, et je le mets sur la route du col de Tamié, petit raccourci pour rejoindre notre hôtel…
Le soir, pour la première fois, le repas est pris à l’extérieur sur la terrasse… Un régal. Les discussions tournent bien sûr autour des événements de la journée quand tout à coup, une petite voiture prend place sur le parking, ce genre de petit monoplace sans plaque, qui ne nécessite pas de permis de conduire… Je suggère à Cyrille : « Voilà ce que tu devrais acheter, il n’y a certainement pas de clé à cette voiture !!! »… Et Jacques d’ajouter : « Oui, ce serait bien, et il n’y a pas de coffre non plus… ».
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Vendredi 18 juillet – COL DE L’ISERAN
Le col de l’Iseran est véritablement un formidable géant des Alpes. Pour battre ses 2770 m d’altitude , il a fallu poursuivre la route du col de Restefond jusqu’à La Bonette à 2802 m . Notons que le col Agnel avec ses 2774 m n’est pas très loin de ces records/
(En voiture à Bourg-Saint-Maurice) Bourg-Saint-Maurice – Val d’Isère – COL DE L’ISERAN – Val d’Isère – Bourg-Saint-Maurice
94,48 km – 04 :16 :52 – 22 km/h – 2112 m
Tout le monde tient Cyrille à l’œil depuis ce matin : interdiction lui est faite de fermer la moindre portière ou le coffre de sa voiture sans tenir ses clés entre les dents… Cette fois, c’est parti et bien parti pour le … paradis. Car on peut dire que le col de l’Iseran en est un pour les yeux tant les panoramas sont splendides et les vues plus surprenantes les unes que les autres… Françoise nous accompagne et passera la matinée – et peut-être plus – dans Bourg-Saint-Maurice. Départ du centre-ville vers 09 :30 ; les 9 premiers km sont très faciles mais une fois arrivés à Viclaire, la pente commence à s’accentuer… Nous montons à trois avec Jacques et Louis, qui a décidé de se tester sur un géant des Alpes. Cyrille suit à portée de fusil… Cette première partie de col n’est pas terrible, aucun point de vue, passages en forêt, rien de particulier… Au km 21 environ, Louis commence progressivement à lâcher prise ; c’est vrai que l’allure est très soutenue, j’ai de très bonnes jambes et je donne le tempo depuis le début… Première vue sur le barrage de Tignes qui semble tout proche… Mais comme l’année dernière, je vais très vite déchanter car les 3 km qui précèdent le passage sur celui-ci sont vraiment très pentus… Encore un effort, puis on retrouve une portion beaucoup plus facile, en légère descente, avec de nombreux tunnels parfois très mal éclairés… On aperçoit le lac sur la droite en contrebas… La longue traversée de Val d’Isère nous permet toujours de respirer, le pourcentage restant encore abordable… Vient maintenant la dernière rampe Val-D’isère – Col de l’Iseran : 910 de dénivelée pour 17 km, avec des passages fréquents à 7%, et cela fait déjà 31 km que nous grimpons… Cette ascension se fait au coude à coude, Jacques tantôt devant, tantôt derrière, mais toujours proches l’un de l’autre… Au fil des km, j’entends sa respiration de plus en plus rapide, il ne passe plus, je le sens en moins bonne forme : « Jacques, tu peux y aller si tu veux… » – « Tu rigoles, je m’accroche… ». Le plus souvent possible, je relance… 10 fois, 20 fois et toujours il s’accroche… Mais à 3 km du sommet, je le vois perdre 5 mètres, puis 10… Pas étonnant qu’il n’ait rien vu des paysages, des points de vue, ni le lac, ni Val d’Isère… Je croyais le dernier km plus facile, mais un dernier coup d’œil en arrière me rassure sur mon avance. Jacques me rejoint 50 secondes plus tard – C’est loin des 10 minutes du col de la Madeleine, je sais… – et on cherche directement à se désaltérer : il fait 29° au sommet en plein cagnard à l’abri du vent… Montée en 03 :00 :04 pour 48 km et 2030 m de dénivelée, soit 16 km/h… et 31 minutes en moins que l’année dernière… La petite compétition avec Jacques sans doute. Nous replongeons vers Bourg-Saint-Maurice juste quand arrive Louis… 3 km plus bas, nous croisons Cyrille, très frais, et qui a l’air de monter beaucoup mieux que l’année dernière : effectivement, lui aussi, une demi-heure en moins… Il est vrai qu’il a été sevré hier et il se rattrape aujourd’hui. Repas vers 15 :30. Avant de reprendre la route pour La Bâthie, je refais une deuxième fois ce col … en voiture, pour faire profiter Françoise de ces superbes panoramas…
Le Génépi du soir va quelque peu se prolonger, et a un peu de mal à passer chez Cyrille et Louis… En effet, c’est déjà leur dernière soirée à La Bâthie… Séjour trop court, trop vte passé.. Louis se dit très satisfait du séjour et espère bien être encore des nôtres l’année prochaine, mais où ??? Cyrille a un petit faible pour Barcelonnette, autre paradis pour cyclos… Pourquoi pas, et essayer d’y amener l’un ou l’autre novice et de les faire goûter aux joies de la montagne…
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19 juillet – VAL THORENS
La montée à Val Thorens est une superbe escalade qui dépasse en altitude, en dénivellation et en difficulté la plupart des très grands cols les plus réputés. Avec 2340 m d’altitude au sommet 200 m de dénivelée totale, c’est plus de dénivellation que le col de l’Iseran ou le col de la Bonette.
La Bâthie – Moutiers – Les Menuires – VAL THORENS – Les Menuires – Moutiers – La Bâthie
113,57 km – 05 :47 :59 – 19,5 km/h – 2351 m
Petit-déjeuner plus rapide que d’habitude pour Cyrille et Louis qui ont décidé de repartir assez tôt afin d’éviter un maximum de ralentissements… Après les adieux sur le parking, on démarre pour notre dernière ascension de la semaine, vers Val Thorens… Très difficile et très longue aux dires de Jean-François qui l’a déjà escaladé … en voiture, semaine de ski oblige… Le trajet vers Moutiers est assez difficile, à trouver d’abord : pour éviter d’emprunter la voie rapide, il faut chercher son chemin dans les petits villages de cette vallée et parfois, ce n’est pas très bien renseigné… Ensuite la dénivelée : pas facile ce tronçon d’une vingtaine de km dans lequel on repasse par le premier km du col de la Madeleine, certainement pas le plus facile, et aussi par Aigueblanche, petit village qui surplombe Moutiers… Résultats : le compteur indique déjà 250 m de dénivelée au pied de la montée finale… Cette ascension est très intéressante dès le début, avec de très belles vues sur la ville… Jacques ne me paraît pas au mieux de sa forme et dès le début, il me suit à 100, 150 m… La chaleur se fait de plus en plus lourde, 29° au compteur dès le 10ème km… Une petite descente de 4 km nous fait le plus grand bien et nous rafraîchit quelque peu… La deuxième rampe commence assez fort puis s’atténue lentement à l’approche de Saint-Marcel. La chaleur augmente encore : 32°. Petit coup d’œil dans le lacer du bas, Jacques est toujours là, à 200 m environ et le coup de pédale a l’air facile… La station des Menuires apparaît brusquement et est la bienvenue, car départ de la deuxième partie en légère descente, mais seulement sur un km… Il reste 8 km, dont un à 8,5 % de pente moyenne… Il va faire mal celui-là… Mais les douleurs dans les jambes semblent s’atténuer devant la beauté des paysages : montagnes enneigées aux alentours, cascades, chalets, un vrai paradis… Nouveau coup d’œil vers le bas et … surprise, pas de Jacques… Je l’ai peut-être loupé… Enfin, après ce fameux km à 8,5%, l’entrée de la station semble se rapprocher… Regard vers le haut cette fois et je déchante très vite : il reste encore pas mal de lacets et de dénivelée… Une pointe de découragement me saisit, puis non, pas question de mettre pied à terre : je dois quand même expliquer à Jean-François la configuration de la station pour bien lui prouver mon passage à Val Thorens… Finalement, après un dernier km assez pentu, j’entre enfin dans la station : il fait 34°, pas de vent, je recherche désespérément un café, une boutique pour me rafraîchir… Je continue à monter dans la ville, rien d’ouvert, cela a l’air désert… Pas possible… Et enfin, une boutique souvenirs avec des boissons fraîches et des … transats !!! Une bouteille de coca bien frais, un paquet de gaufres et je m’allonge sur le premier transat en attendant mon compagnon… 5 min, 10 min… Y’a un problème, il devrait être là… Un quart d’heure d’attente maximum et je redescends… Je reste très attentif pendant toute la plongée vers Moutiers à la recherche de Jacques, on n’a pas de GSM, impossible de se contacter… Moutiers, personne… Après un nouveau quart d’heure d’attente, je décide de rentrer à La Bâthie en espérant l’y retrouver… Et quelle surprise en arrivant dans la garage : le vélo de Jacques est là, il a déjà pris sa douche et est parti se promener, dernières emplettes obligent… Il me racontera plus tard qu’il était fatigué, que le moral n’y était plus, la chaleur, les mouches, etc… Bref, ne tournons pas autour du pot, c’est bien un abandon… Et seulement à 8 km de la fin de la dernière ascension des vacances… Il me fait promettre de ne pas en parler au club, mais je suis bien obligé de raconter cette semaine de montagnes dans son intégralité, avec les performances mais aussi avec les petites défaillances… Sans rancune Jacques…
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TOTAL : 750,3 km – 34:59 – 12907 m
Trajet de retour sans le moindre problème, pas de bouchon, pas de ralentissement… il est vrai que nous sommes dimanche, pas de camions, peu de voitures, bref le rêve… Dix fois, vingt fois, Jacques va nous rappeler que ce fut une semaine superbe, que les sorties étaient de toute beauté, que ça a passé beaucoup trop vite… Lui aussi a déjà ses pensées vers 2009 et Barcelonnette, car il connaît, et ça fait rêver : La Bonette, Le col de Vars, le col d’Izoard, le col de la Cayolle, le colle della Lombarda, le col d’Allos… que des ascensions du Tour de France… Il s’y voit déjà et s’est bien promis, dès la reprise de son travail, de réserver déjà ses congés pour 2009… Pas question de louper Barcelo…
Alors, si les cols vous tentent, si vous voulez vous essayer à la montagne avec Vélo-Passion, BIENVENUE A BARCELONNETTE 2009…